Participez à la grande aventure scientifique du Décrypthon !

Bannière Décrypthon 2009

mardi 8 avril 2008

Crème d'oignon doux des Cévennes - garantie sans aileron de requin !




Demain, sort un film que j'attends avec impatience, "Les seigneurs de la mer", consacré à l'un des animaux les plus fascinants de la création et pourtant si mal aimé : le requin. Ne fuyez pas en courant en pensant que je suis cinglée ! Ces animaux sont menacés d'extinction et ce serait une catastrophe écologique ; malheureusement, ils sont très peu protégés, et si le septième art, avec la série des Dents de la mer ou plus récemment Open Water, a contribué à le faire passer pour un prédateur froid, ne nous voilons pas la face, ce qui menace sa survie aujourd'hui c'est la surconsommation de ses ailerons.


Ma fascination pour les requins remonte à l'année 2000, quand j'ai commencé à faire de la plongée aux Maldives ; on voyait des "pointes noires" du lagon dans deux mètres d'eau ! Avec les marins locaux qui nous accompagnaient en palme - masque - tuba, nous nous amusions à essayer de les rattraper par la nage. Bernique bien sûr, mais ça vous montre qu'on est loin du monstre qui attaque les hommes sans préavis. Quand je suis passée à la plongée bouteille, on m'a dit de me méfier... des poissons scorpions et poissons pierres tapis sur le sable, dont le poison est MORTEL, des murènes qui sont pacifiques tant qu'on n'essaie pas d'aller fourrager dans leurs rochers (mais mettez-vous à leur place : vous apprécieriez qu'un géant pénètre chez vous par effraction ?) et des ballistes qui à l'époque de la nidification sont très agressifs, comme j'ai pu en juger par moi-même : un de mes binômes qui n'avait pas dégagé assez vite de la zone stratégique autour du nid a eu son masque fracturé par un balliste titan qui lui a foncé dessus !!!


Mais sur les requins, on ne m'a rien dit, et pourtant j'en ai croisé à chaque plongée : des gris de récif, des pointes blanches, des requins nourrices, et même des marteaux un jour... Et c'est comme cela que j'ai commencé à les admirer, tant leur déplacement est à la fois vif, élégant, efficace. Ils sont ainsi devenus un de mes animaux fétiches. Et j'ai fait l'acquisition d'un guide naturaliste qui leur est dédié, histoire de mieux les connaître.


Le saviez-vous ?




1. Il y a 400 espèces différentes de requins, du plus petit, le requin pygmée, qui mesure 20 centimètres, au plus grand, le requin-baleine, qui atteint 18 mètres !!! Costaud Lulu, mais comme les baleines (et son collègue un peu plus petit le requin pèlerin), c'est un filtreur, qui avale et trie avec des fanons des milliers de litres d'eau pour en retenir le krill et autres petits crustacés.


2. C'est un cousin des raies : ils sont tous deux des poissons cartilagineux. Ici, une raie manta qui danse avec l'un de nous. Pour de vrai : on a eu droit à un ballet de quelques minutes avant qu'elle ne s'éloigne.





3. Sur les 400 espèces de requins, seulement douze sont considérées comme potentiellement dangereuses pour l'homme, avec trois espèces dont l'agressivité potentielle fait qu'il vaut mieux les surveiller du coin de l'oeil quand on les croise : le grand requin blanc, le requin tigre, et le requin bouledogue. Des pratiques comme le shark-feeding ou la plongée en cage avec appât, où l'on excite le requin pour avoir des images prcutantes, contribuent à entretenir le mythe du tueur. Mais lorsqu'on regarde les requins évoluer dans leur environnement naturel, on peut constater qu'ils ne sont pas agressifs quand on se comporte de façon adaptée (en évitant les périodes du jour où ils chassent, en ne se baladant pas avec des poissons sanguinolants à la ceinture de plomb...). Certains naturalistes plongent sans protection avec les espèces réputées dangereuses ! Voyez ce site pour des photos étonnantes de Ron et Valerie Taylor.


4. Les requins sont apparus il y a 400 millions d'années, et n'ont presque pas évolué depuis le Crétacé il y a 100 millions d'années ! Pourquoi ? Parce qu'ils sont déjà merveilleusement adaptés à leur environnement... Regardez cette petite vidéo étonnante, avec des nageurs frôlant des grands blancs notamment... Waouw.


5. Enfin, ça, c'était vrai avant l'arrivée de l'homme, ce qui tend à foutre en l'air, soit dit en passant, l'hypothèse d'un Créateur tout puissant : car le requin, qui avait peu de prédateurs jusqu'ici, en a désormais un gros, contre lequel il ne peut pas se défendre. Or, le requin se reproduit peu : maturité sexuelle atteinte après plusieurs années, nombre de petits souvent réduit dans la plupart des espèces, gestation longue plusieurs mois.



6. Et voilà, on en arrive à la situation actuelle où 30 espèces sont menacées d'extinction, dont 13 ont atteint un seuil critique. La pêche pour les ailerons en est en grande partie responsable : plus de 100 millions de requins sont ainsi exterminés chaque année - car un requin qu'on rejette à l'eau sans aileron ne peut plus nager correctement et est promis à une mort lente par asphyxie. D'autres espèces, notamment en Méditerranée, sont menacés par nos sytèmes de pêche. Le petit à gauche, c'est un requin renard, un petit requin discret et timide à la queue asymétrique, rare à voir en plongée, extrêmement craintif. Contrairement aux bébés phoques si mignons, au dauphin (que vous regarderiez autrement si vous saviez que c'est un amateur de viol collectif, n'est-ce pas ?), le requin a un délit de sale gueule, de sorte que personne ne se mobilise pour le protéger sérieusement. Et pourtant...


7. Par an, on compte : 5 décès dus à des requins - 100 dus aux éléphants et aux tigres - 2400 par application de la peine de mort (sans la Chine qui en compte plusieurs milliers par an) - 22 000 en raison de la drogue - 1,2 millions par accident de la route - 8 millions de malnutrition...



Voilà, j'espère vous avoir convaincus que les requins méritent mieux que leur mauvaise réputation et qu'il faut les protéger (et ne plus jamais manger de potage aux ailerons de requins, c'était le but de ce message, qui a donc un lien avec la cuisine).

Pour ceux qui ont eu le courage de me lire jusque-là, hé hé, récompense, une petite recette ! Tout le monde connaît la gratinée, cette soupe à l'oignon qu'on sert dans un pot de chambre aux jeunes mariés ravis qui aimeraient bien terminer leur nuit de noce tranquilles au lieu d'attendre en pyjama l'arrivée des invités avinés et rigolards... Bon, là c'est la version veloutée, aux oignons doux. De préférence mon ami l'AOC des Cévennes, dont la saison de commercialisation s'achève tout juste, en avril. Il était temps de publier cette recette... Le pot de chambre est optionnel dans cette version.


Pour 4 à 6 personnes

- 5 gros oignons doux des Cévennes,
- une grosse pomme de terre à purée,
- de la graisse de canard (ou à défaut du beurre, mais c'est moins bon),
- un litre d'eau,
- un bouquet garni, thym et laurier.


Epluchez et émincez finement les oignons , épluchez et coupez en tranches la pomme de terre. Dans une casserole, faites rissoler les oignons avec la graisse de canard. Mouillez, ajouter la pomme de terre, le bouquet garni, et laissez mijoter à feu moyen en couvrant pendant trente minutes. C'est tout ? Ben oui, c'est tout.


Retirez le bouquet garni et mixez longuement pour obtenir un velouté délicatement parfumé. Et parfait pour le regain de froid des jours derniers !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouais, je suis d'accord avec toi, mangeons du bébé phoque! (Comment ça, c'est pas ce que tu as dit?)

Anonyme a dit…

je suis complètement acquise à ta cause et je trouve ton billet passionnant (un petit lien depuis le récap oignon vers ce billet?)
Pour ma part j'ai aussi arrêter le thon. Mais qu'est ce qu'on attend bon sang pour réagir! M'énerve tiens!

Anonyme a dit…

Bravo pour ton billet très intéressant sur les requins. C'est vrai que ces pauvres requins souffrent du délit de sale gueule et du coup leur sort à tendance à laisser indifférent. Comme tu l'as si bien dit si les requins disparaissent se serait une catastrophe écologique ! Alors protégeons-les !